Hyrox
Chaque course suit le canevas un kilomètre de course, suivi d’un atelier, le tout répété huit fois. © BELGA

100 millions de chiffre d’affaires annuel pour l’Hyrox, la nouvelle discipline qui fait suer

Après avoir conquis l’Allemagne et les Etats-Unis, le phénomène gagne du terrain chez nous. Mélange de running et d’exercices fonctionnels, ce sport hybride pourrait bien détrôner le crossfit.

Née de la contraction des mots «hybrid» et «obstacle/cross», l’Hyrox s’impose comme une discipline à la croisée du running et du fitness fonctionnel. Course d’un genre nouveau, elle mêle efforts cardio et endurance musculaire sur un format identique partout dans le monde: huit kilomètres de course à pied entrecoupés de huit ateliers physiques standardisés (rameur, des burpees, des fentes marchées, du wall ball, etc). Chaque course suit le canevas un kilomètre de course, suivi d’un atelier, le tout répété huit fois, de manière, à chaque événement, à pouvoir comparer les performances et d’établir un classement international.

L’Hyroxfarm, à Ecaussine, a organisé un «Test Hyrox» pour ceux qui n’ont pas pu obtenir un ticket pour une compétition officielle.

L’endurance avant tout

A première vue, l’Hyrox pourrait rappeler le crossfit. Les différences sont toutefois notables. Là où le second exige une grande technicité et une maîtrise de mouvements complexes, l’Hyrox se veut plus accessible. Tous les exercices sont basés sur des mouvements naturels, avec un objectif clair: développer l’endurance globale plutôt que la performance technique.

Ancien crossfiteur et entrepreneur, Alexis Pierart découvre la discipline en 2024 par l’intermédiaire d’une influenceuse française. Curieux, il participe à une première compétition à Cologne et le déclic est immédiat. « C’était très dur, mais l’ambiance, l’organisation, ce genre d’effort sur la longueur… Tout m’a plu.» Un an plus tard, il transforme une ferme à Ecaussinnes en une salle de sport spécialisée: l’Hyroxfarm. Un concept atypique, mais assumé. « Les gens me disent « vous faites ça sérieusement, mais vous ne vous prenez pas au sérieux ». C’est exactement la mentalité de l’Hyrox.»

Le 26 avril dernier, la première salle francophone du pays exclusivement dédiée à ce sport hybride, a accueilli un «Test Hyrox» grandeur nature, organisé en partenariat avec une salle de sport amie. En cause: la difficulté croissante d’obtenir des billets pour les événements officiels, pris d’assaut. «C’est un ami propriétaire d’une autre salle de sport qui a lancé l’idée, rembobine Alexis Pierart. Il voulait inscrire certains de ses membres à une course Hyrox, en vain. Il nous a demandé si on pouvait organiser un test chez nous.» Cinquante participants, tous en binôme, se sont affrontés pour se tester en conditions réelles.

«L’engouement est là. Reste à fidéliser les gens, à leur donner envie d’en faire leur sport.» 

Une approche fonctionnelle et sociale

A l’Hyroxfarm, débutants et athlètes chevronnés s’entraînent ensemble. La modularité des charges et la simplicité des mouvements permettent une mixité des niveaux, rare dans le monde du fitness. Les compétitions proposent deux catégories: «Open», adaptée à tous, et «Pro», pour les plus aguerris, mais aussi une version en duo, qui favorise le travail d’équipe et la découverte du format.

Pour Samanta, 35 ans, ce cadre fut déterminant. Après cinq ans sans pouvoir pratiquer un sport à la suite d’une opération au dos, elle a repris l’activité physique voici deux mois. « Au début, j’avais très peur pour mon dos; mais c’est tellement bien encadré que j’ai retrouvé une condition physique folle en à peine deux mois. Mes douleurs se sont même estompées. Je suis en début de grossesse et tout est réellement adapté à mes besoins. Je me sens vraiment bien dans ma peau. » Ancienne adepte du crossfit, elle souligne la différence de rythme entre les deux disciplines. «Les mouvements et le rythme sont moins intenses qu’en crossfit. On s’assure vraiment que le mouvement soit bien fait, pas vite fait. La transformation physique est remarquable alors que je ne viens que deux fois par semaine. Tous les jours, je suis beaucoup plus en forme.  Le crossfit, c’est beaucoup de show et nettement moins familial. Ici, c’est plus doux, mais on travaille énormément l’endurance.» Et le mental. Car à force d’enchaîner course et station, le challenge de «soi contre soi» finit par prendre le dessus.

Si l’approche est fonctionnelle, elle se veut aussi plus sociale. Alexis Pierart envisage même de séduire le monde de l’entreprise en proposant des séances de team building dans ses hangars rénovés. «Nos installations sont situées à côté du zoning de Feluy, ce serait logique de proposer l’expérience aux sociétés du coin», se réjouit-il déjà.

Une mode qui veut durer

Le phénomène n’est plus marginal. L’organisation Hyrox Monde structure la discipline à l’échelle planétaire, avec quelque 650.000 pratiquants recensés en 2025 et 5.000 salles affiliées. En Belgique, le dernier grand événement en date a rassemblé près de 9.000 personnes au Nekker Hall, à Malines, contre 12.000 à Paris, au Grand Palais, le 19 avril.

Hyroxfarm, elle, est aujourd’hui affiliée au réseau Hyrox Benelux. Une légitimité qui permet d’attirer les curieux venus de toute la Wallonie pour tester la discipline «sans jugement mais avec challenge», comme le résume son propriétaire. «Il n’y a pas de profil type. Des sportifs confirmés côtoient des gens qui doutaient en arrivant et ressortent avec le sourire», assure-t-il.

Comme tout nouveau phénomène, l’Hyrox suscite des interrogations: effet de mode ou sport durable? Alexis Pierart veut croire à un enracinement progressif, à l’image de ce que le crossfit a connu après son explosion dans les années 2010. «L’engouement est là. Reste à fidéliser les gens, à leur donner envie d’en faire leur sport.» Quels que soient leur âge, leur parcours ou leurs objectifs.

Derrière les projecteurs et le succès croissant des compétitions, l’Hyrox semble surtout combler un vide dans le monde du sport amateur: un espace où la performance se conjugue à l’inclusivité, où la rigueur n’efface pas la convivialité. Reste à voir si ce nouvel équilibre entre effort, communauté et accessibilité saura tenir la distance.

Quentin Ferrière (st.)

En chiffres

• 650.000 pratiquants dans le monde en 2025.
• 5.000 salles affiliées au réseau mondial.
• 100 millions de dollars de chiffre d’affaires annuel.
• 80 courses organisées officiellement dans le monde.
• 24.000 participants à l’Hyrox de Londres (le premier, organisé en Allemagne, avait rassemblé 650 personnes).
• 100 à 120 euros, en moyenne, le droit de participation à un Hyrox
• 170 à 230 euros, le prix d’une paire de baskets vendu par l’équipementier officiel, Puma.

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